21/11/2024
Le Japon en alerte rouge face au syndrome de choc toxique streptococcique
Le syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS) est une infection bactérienne grave causée principalement par Streptococcus pyogenes, une bactérie hautement virulente. Cette forme sévère d’infection connaît une recrudescence inquiétante au Japon, où 27 des 47 départements de l’archipel sont actuellement en alerte rouge.
Origine de l’infection et mode de transmission
Le SCTS est provoqué par les streptocoques du groupe A, également connus sous le nom de « bactéries mangeuses de chair » en raison de leur capacité à détruire rapidement les tissus mous. La bactérie se transmet principalement par contact direct avec des sécrétions respiratoires infectées, comme en toussant ou en éternuant. Bien que moins contagieuse que d’autres pathogènes comme le virus de la grippe, cette transmission nécessite néanmoins une vigilance accrue. La bactérie se transmet par gouttelettes respiratoires et contacts directs avec des sécrétions nasales ou des lésions cutanées, ce qui souligne l’importance des mesures de prévention. Il existe aujourd’hui de nombreux dispositifs médicaux pour prévenir ces transmissions aéroportées.
Évolution de l’infection et impact au Japon et en Europe
Selon l’Institut national des maladies contagieuses du Japon, 422 cas ont été recensés entre le 1er janvier et le 17 mars 2024, contre 941 cas pour l’ensemble de l’année 2023, ce qui montre une augmentation rapide et préoccupante de ce syndrome. Il est crucial de noter que cette augmentation touche particulièrement les individus de moins de 50 ans, mettant en lumière une vulnérabilité accrue au sein de cette tranche d’âge.
Parallèlement, le taux de mortalité reste extrêmement élevé, avec 30% des personnes atteintes par ce syndrome qui en meurent actuellement. Cette donnée alarmante fait de ce syndrome une véritable menace pour la santé publique. Les prévisions indiquent que le nombre de cas pourrait atteindre 2 500 d’ici la fin de l’année, ce qui accentue l’urgence de trouver et de mettre en place de réelles mesures de prévention et de contrôle des infections.
Des vagues d’infections invasives à streptocoque du groupe A ont également sévi en 2022-2023 en Europe, en Amérique du Nord et en Australie.
En Europe, le Royaume-Uni a signalé une augmentation de 30% des cas en 2023 par rapport à l’année précédente, totalisant plus de 1 500 infections. Aux États-Unis, les cas ont doublé en 2023, dépassant les 2 000. En Australie, une hausse de 25% a été observée, atteignant un total de 800 infections sur la même période.
Symptômes et traitement du SCTS
Le syndrome de choc toxique streptococcique se caractérise par une réponse immunitaire excessive à la toxine produite par la bactérie. Les symptômes incluent souvent une fièvre élevée, des douleurs musculaires intenses et des troubles gastro-intestinaux, qui peuvent rapidement évoluer vers une hypotension artérielle et une défaillance d’organe en 24 à 48 heures.
Cette progression rapide nécessite une intervention médicale immédiate pour éviter des issues fatales. Le traitement repose sur la prise d’antibiotiques ; cependant, l’Institut Pasteur note une augmentation préoccupante de la résistance de S. pyogenes à plusieurs familles d’antibiotiques, compliquant ainsi la prise en charge des patients infectés.
La « dette immunitaire » : une cause probable de la recrudescence
La recrudescence des infections à streptocoque du groupe A (SGA) a été observée dès la fin 2022, en lien avec une forte circulation des virus respiratoires, notamment chez les enfants. Cette situation a été exacerbée par la triple épidémie de grippe, COVID-19 et bronchiolite.
L’affaiblissement du système immunitaire dû aux mesures barrières prolongées pourrait expliquer, au moins en partie, ce rebond des infections à SGA. En effet, les enfants dont le système immunitaire n’a pas été au contact avec les souches circulantes habituelles sont plus susceptibles de développer des infections graves.